Il m’arrive souvent de repenser à ce DG d’une PME, disant « il n’y a que nous ? » après avoir passé un long moment à exposer les difficultés relationnelles au sein de son entreprise. Des salariés qui se plaignaient de leur chef, les membres du comité de direction en forte tension. Bref, des difficultés à tous les étages de l’entreprise.
Cette question, que tout un chacun pourrait considérer comme naïve et sincère, montre que malgré toutes les études sur la conflictualité au travail, la situation réelle des entreprises, organisations etc… est mal connue des dirigeants.
La société en question était assez en pointe, avec une structure RH soucieuse de l’ambiance de travail, avec le choix de passer par une médiation pour trouver une solution à un conflit et celui d’un accompagnement en qualité relationnelle au travail pour restaurer des relations fortement dégradées entre trois managers.
Une prise de conscience salutaire !
Alors, il n’y a qu’eux ? Ceux qui me lisent régulièrement savent bien que non. Cela est démontré dans de nombreuses études sur la QVCT et sur l’absentéisme et ses causes. Ces études sont régulièrement rappelées sur ce blog, et un résumé est disponible dans le guide de la médiation professionnelle proposé sur ce site.
Il est possible d’imaginer quelques raisons au fait que les dirigeants ne soient pas conscients de cela : un patron va rarement se plaindre auprès de dirigeants d’autres entreprises que certaines relations sont mauvaises dans la sienne. Cela pourrait ressembler à un aveu d’échec. Donc chacun peut croire qu' »il n’y a que nous ».
Et peut-être certain dirigeants ne sont-ils pas totalement conscient de ce qui se passe dans leur société, et donc ne l’évoquent pas avec leurs pairs:
- Face aux obligations de prévention des RPS, quand il est envisagé de s’occuper « des salariés », chacun pense aux employés du premier niveau de l’organigramme, et oublie qu’à tous les niveaux, même au sein d’un comité de direction, des difficultés peuvent apparaître. Et ce qui concerne le premier niveau hiérarchique, c’est parfois un peu loin du patron, les informations ne lui remontent peut-être pas.
- La situation des salariés se serait dégradée depuis la crise COVID, selon plusieurs études. Dans le même temps, après une embellie à la reprise de l’activité économique, la conjoncture s’est à nouveau dégradée. Les décideurs considèrent peut-être avoir d’autres priorités que la qualité relationnelle au travail, pour maintenir leur entreprise à flots.
- La qualité des relations, c’est souvent l’affaire des RH. Mais comme ils font face à d’autres problèmes, comme celui du recrutement, là encore ils ont peut-être d’autres priorités.
Il existe sans doute d’autres raisons à ce silence des dirigeants, je suis à l’écoute de toutes les suggestions !
Ce que montrent ces hypothèses, c’est qu’il est bien difficile de savoir ce qui se passe chez le voisin. Et au fond, est-ce important ? Devant les statistiques assez effrayantes sur la santé mentale des personnes, il est sans doute pertinent de se consacrer à la situation interne à l’entreprise, pour ce qu’elle est et pas en se comparant aux autres. Et bien sûr, s’il apparait que l’ambiance de travail n’est pas satisfaisante, de travailler à l’améliorer, avec l’aide d’un médiateur professionnel et de ses outils d‘ingénierie relationnelle.
[…] y 3 semaines, j’évoquais un DG qui se demandait s’il n’y avait que dans son entreprise que les relations étaient…, ce qui montrait qu’en réalité, les dirigeants ont du mal à parler à d’autres […]