La diversité en entreprise

Kiara sent les regards sur elle. Depuis qu’elle travaille dans cette entreprise, elle a le sentiment que son bindi, ce point rouge entre ses yeux, gêne ses collègues. D’ailleurs, ils lui parlent bizarrement. Elle est mal à l’aise, et se décide à en parler à son manager, Octave.

Elle lui demande donc un entretien, et lui expose son souci. Elle explique qu’elle ne comprend pas ces regards, qu’elle s’habille comme les autres, qu’elle fait son travail, et parfois même un peu plus, aidant bien volontiers ceux qui se trouvent en difficulté.

Mais cette façon de l’observer, elle n’en peut plus. Kiara se demande même si elle est bien à sa place.

La première réaction d’Octave, c’est de se dire « mais qu’est-ce qui m’arrive encore ! ». Puis il se rappelle de son travail avec un médiateur professionnel, sur l’altérité et sur le management contributif. Il replace donc les choses à leur place : c’est à Kiara que ça arrive, pas à lui. Mais en tant que manager, il tient à ce que toutes les personnes de son équipe se sentent bien.

Il commence donc par dire à Kiara : « c’est ton choix de porter ce point rouge, et il est légitime. Tu le fais parce que c’est important pour toi, tu donnes un sens à ce choix. Ce que tu voudrais, c’est que ce choix soit accueilli par les autres membres de l’équipe, que la présence de ce point rouge ne devienne pas un sujet de jugement à ton égard ». Kiara est soulagée : c’est exactement ça !

Au cours de discussions avec ses différents collaborateurs, il amène le sujet de la qualité des relations. Tous indiquent en premier lieu que depuis l’atelier avec le médiateur professionnel, les relations sont bien meilleures. Derrière ces mots Octave entend un « mais » et incite à aller plus loin : « tu dis qu’elles sont bien meilleures, mais peut-être manque-t-il encore quelque chose pour que tu dises qu’elles sont bonnes ». Quelques-uns expriment alors un sentiment d’embarras.

  • La nouvelle recrue, Kiara, elle n’était pas là lors de l’atelier, et tout n’est pas fluide avec elle
  • Quand tu dis que tout n’est pas fluide, tu veux peut-être dire que tu rencontres des difficultés pour travailler avec elle.
  • Non, ce n’est pas ça… En fait je suis mal à l’aise à cause de son point rouge. Je ne sais pas ce que c’est, ce que ça veut dire. Je me demande si c’est bien que nous travaillions parfois sur le même ordinateur, très proches physiquement, si tu vous ce que je veux dire. C’est une femme, moi un homme, et si ça posait un problème ?
  • Donc ce que tu dis, c’est que tu ne connais pas le sens de ce point rouge, la raison pour laquelle elle le porte, et que tu te demandes si ton comportement avec elle est le bon.
  • Oui

Au cours de ces échanges, une femme lui dira « tu comprends, ce point ça veut dire qu’elle est mariée, et soumise à l’autorité de cet homme. C’est un signe de soumission, et moi qui milite pour l’égalité complète entre hommes et femmes, je ne peux pas supporter cela ! ». Voilà donc une personne qui pense à la place de Kiara, qui donne un sens à son geste sans savoir ce qu’il signifie pour elle, qui au fond interprète ce que fait Kiara. 

Octave constate donc qu’il est important d’agir pour que le fossé ne se creuse pas, et propose des moments d’échange deux à deux, entre Kiara et les personnes qui se sont montrées les plus embarrassées. En leur ouvrant un espace de liberté, où chaque personne pourra dire ce qu’elle a dire, et s’ouvre aux raisons de l’autre. Ainsi, Kiara pourra expliquer que c’est une façon personnelle de rendre hommage à ses parents en suivant une tradition, et les autres dire qu’ils ont ressenti cela comme manifestation religieuse qui ne devrait pas avoir droit de cité au travail.

Kiara prend donc l’engagement de ne pas parler de sa religion au travail, ce que d’ailleurs elle ne faisait pas, mais elle comprend que c’est important de donner cette assurance à ses collègues. Eux expriment que sa démarche, puisqu’elle est personnelle uniquement, ne leur pose finalement pas de problème.

Cette histoire montre au lecteur comment les outils de la médiation professionnelle, en particulier l’ingénierie relationnelle  et l’altérité, qui est l’accueil de l’autre en tant qu’il est autre, sans jugement ni interprétation, permet d’accueillir ce qu’on appelle usuellement la diversité, en fait les différences de l’autre. Et ce… quelle que soit sa différence : origine sociale, géographique, de religion, un handicap, visible ou non, des contraintes familiales, l’éducation reçue, liste non exhaustive !

Si vous aussi vous rencontrez des situations ou certains collaborateurs ont du mal à accepter une différence, ou peut-être vous-même avec du mal à y faire face, les médiateurs professionnels peuvent vous aider, contactez-moi ici.