La bienveillance, une fausse amie

La bienveillance est un sujet à la mode, nombre d’entreprises la définissent comme une de leurs valeurs. Si veiller sur les autres peut sembler une belle compétence, elle a ses limites, comme le montre ce récit :

Un jour, Matthieu va voir sa cheffe Éléonore pour lui dire « j’ai remarqué que tu donnes des dossiers très difficiles à Albert. Il souffre dessus, on le voit se gratter la tête, faire les 100 pas dans l’open-space, soupirer…  Je crois que ça finit par l’user. »

Éléonore décide donc de discuter avec Albert qui réagit vivement : « ah mais non ! Je les adore moi, ces dossiers que tu me confies ! Bien sûr ils sont hyper-difficiles, alors je dois beaucoup réfléchir pour trouver la bonne façon de les traiter. D’ailleurs pour chaque dossier il y a une solution particulière, il n’y en a pas deux pareil. Et pour réfléchir, moi j’ai besoin de me gratter la tête, de faire les 100 pas, et même de soupirer. Surtout ne me donne pas des dossiers plus simples, parce qu’alors il suffirait d’appliquer la procédure et il n’y aurait plus de challenge, je ne m’amuserais plus du tout ! »

Matthieu a fait preuve de bienveillance envers Albert, en lui appliquant son propre référentiel : les dossiers difficiles c’est usant, ça fait souffrir… parce que ce serait son propre cas s’il y était confronté. Pensant que ce n’était pas bon pour Albert il est intervenu… mal à propos.

Lorsqu’on cherche des définitions de la bienveillance, celle qu’on trouve le plus souvent dit « disposition affective d’une volonté qui vise le bien et le bonheur d’autrui. ». Et toute la question est… ce qui fait le bien et le bonheur d’autrui ! L’exemple que je propose montre que ce qui apporte de la satisfaction au travail à Albert, donc du bien ou du bonheur dans son travail, n’en apporterait pas du tout à Matthieu.

Le bien et le bonheur sont des valeurs personnelles, chacun s’en est forgé sa propre vision à travers son éducation et son parcours de vie. S’il y a des situations qui mettent évidemment en danger le bonheur d’un collègue (par exemple des situations mettant en jeu sa sécurité physique), il en est d’autres ou chacun appliquera son référentiel… qu’il convient d’accueillir. C’est ce que les médiateurs professionnels appellent l’altérité.

S’il n’est pas question de jeter la bienveillance avec l’eau du bain, cet article vise à vous proposer de faire attention à ces différences de perception et de vécu de chaque personne, et à faire preuve d’altérité. C’est une des étapes sur le chemin de la qualité relationnelle !

1 Comment

  1. […] des outils à rebours de ceux auxquels je m’attendais, comme la bienveillance (rappelons ici pourquoi ce n’est pas un outil approprié pour résoudre des conflits) ou le « bon […]

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