Et si on se faisait un café philo ? Attrapez votre tasse, et allons-y !
Ce weekend, j’ai retourné un carré d’herbe pour préparer la terre, et planter plus tard des potimarrons, tout en m’interrogeant sur mes motivations à travailler la terre. Et de fil en aiguille, j’en suis venue à une autre question: comment se définir, dire qui on est ?
Je pourrais me définir en disant que je suis une, femme, une mère et même une (jeune) grand-mère, une épouse. Ou alors je pourrais dire que j’ai été ingénieure, et que je suis désormais médiateure professionnelle. Je pourrais vous parler de mon âge. Dire que j’aime lire ceci, et pas cela, que j’écoute du rock et que la variété française ne me fait pas vibrer. Que je suis athée. Que j’aime aller au cinéma, marcher dans la nature, créer des vêtements au crochet.
Mais au fond, aucune de ces informations ne me définit vraiment. Même l’accumulation peine à vous donner une idée de qui je suis.
Petit à petit, tout en bêchant, une réponse s’est formée au milieu de ce flux de questions: au plus profond, je suis juste un être humain, avec ses joies et ses peines, avec ses aspirations, ses réussites et ses échecs, avec ses passions, ses curiosités et ses indifférences.
Voilà une définition qui ouvre d’étonnantes perspectives ! En effet, si on définit toutes les personnes ainsi alors… serions-nous tous pareils ? L’autre comme un autre moi-même ?
Non allez-vous me dire ! Il y a ceux qui s’intéressent au foot et ceux qui s’intéressent au rugby ; certains regardent des courses de F1 à la télé et d’autres vont surfer les vagues ; il y a ceux qui vont au cinéma voir des blockbusters et ceux qui préfèrent les films d’auteur.
Tous différents donc, cela parait évident. Et acceptable, accepté.
Mais alors, comment se fait-il qu’il devient si difficile d’accepter le point de vue de l’autre quand il nous heurte ? De lui prêter une mauvaise intention quand il fait ou dit quelque chose qui nous déplait ? Et donc… d’aller vers le conflit ?
Je ne vais pas vous mentir: moi aussi, j’ai souvent mal interprété les actions des autres, et il m’est arrivé d’avoir du mal à accepter que leur point de vue soit légitime. Mais j’ai aussi vécu les interprétations des autres. Il m’a ainsi souvent été reproché de vouloir diriger les autres alors que je voulais juste les aider.
Grâce à ma formation de médiateure professionnelle, j’ai appris à comprendre ces mécanismes relationnels qui font qu’accueillir l’autre en tant qu’il est autre est difficile, et qui ont des conséquences sur la qualité de la relation. Et je sais qu’il me reste beaucoup de travail à faire pour moi-même rester dans cet accueil de l’autre en toutes circonstances.
Cependant me reviennent régulièrement en mémoire ces moments où je l’ai fait, et dont je suis fière. Et ceux où je n’y suis pas arrivée, et c’est une chance de le considérer ainsi, pour chercher à progresser.
Un grand merci à ceux qui auront eu le courage de me lire jusque-là, votre intérêt et votre confiance m’honorent.
Ah au fait, cet accueil de l’autre en tant qu’il est autre, ça s’appelle l’altérité.
Quant aux potimarrons, je vous dirai en octobre s’ils ont bien poussé 😉