Le bien-être au travail vu par une médiateure professionnelle

Un article récent du Monde (lien)  m’a surprise: il y était mentionné entre autre la définition floue du terme « bien-être au travail ». C’est ainsi qu’on peut y lire : « QVCT », ça ne fait pas rêver. Ces dernières années ont vu le monde de la prévention – et surtout les employeurs – lui préférer le « bien-être au travail ». Sa définition est très large : selon l’Institut national de recherche et de sécurité, c’est un « sentiment général de satisfaction et d’épanouissement dans et par le travail qui dépasse l’absence d’atteinte à la santé ». Puis l’article enfonce le clou : « Jouant de ce flou, les actions en bien-être au travail tombent souvent à côté de la plaque. »

Arrivée à ce stade de l’article, je me suis rendue compte que les billets sur ce blog ont souvent mentionné le terme bien-être au travail, et mes post LinkedIn ont souvent employé le hashtag #bienêtreautravail, sans en donner de définition !

Il devient donc urgent de préciser cela, afin, cher lecteur, qu’il n’existe aucune ambiguïté entre nous.

L’article mentionné ironise sur des injonctions au développement personnel : A base de smileys – toujours se méfier des smileys dans le cadre professionnel –, ou de slogans impersonnels affichés sur les murs comme « retrouvez l’essence vraie de vous-même »…

Les lecteurs réguliers de ce blog comprendront assez vite ce qu’il en est: il n’est jamais question de cela dans ces billets !

Une entreprise qui s’engage dans la qualité relationnelle va construire du bien-être au travail de ses équipes, en construisant l’entente entre les personnes. Elle va ainsi les aider à construire des relations ou chacun sera en mesure d’échanger des informations de façon non conflictuelle. Les personnes seront en mesure d’exprimer leurs besoins, leurs attentes en se sachant écoutées et reçues. Les éventuelles tensions qui pourraient apparaitre trouveront naturellement leur solution. En résumé : les relations interpersonnelles seront fluides, simples, efficaces. L’entreprise éliminera donc tout le mal-être lié à des mauvaises relations. Et le contraire du mal-être c’est ? Le bien-être ! L’entente favorise le bien-être, sans avoir besoin de repeindre les bureaux ou de proposer des afterworks.

Bien sûr, l’entreprise et ses équipes continueront à rencontrer des difficultés techniques, des problèmes à résoudre. Il seront parfois complexes, et peut-être y aura-t-il des frictions car des propositions concurrentes vont émerger pour résoudre ces problèmes. Mais cela se fera sans prêt d’intentions (« tu dis ça parce que tu veux tirer la couverture à toi », « tu dis ça parce que tu veux torpiller le projet »), sans jugement (« tu cherches toujours la petite bête », « tu es trop rigide, on ne peut pas innover avec toi », « tu acceptes trop facilement les risques ») et sans mettre les autres sous contrainte (« il n’y a pas d’autre solution que la mienne »). Cela se fera dans un dialogue plus rationnel, basé sur les avantages et inconvénients de chaque hypothèse proposée.

Il reste enfin un  dernier écueil: l’adhésion des équipes à la stratégie de l’entreprise, à ses prises de risques, à ses décisions. Les dirigeants impliqués dans la qualité relationnelle auront à leur disposition des outils pour accueillir les réserves, les inquiétudes, les désaccords et y répondre, voire pour prendre en compte certains éléments dans leur décision.

Dans cette proposition, c’est l’entreprise qui est actrice du bien-être de ses salariés, et qui leur apporte les connaissances, les moyens pour le construire. Loin d’être une injonction du type « faites tout pour aller bien », l’entreprise met en place un projet collectif, un projet relationnel. Elle met à disposition des personnes le médiateur professionnel qui les accompagnera dans ce projet.

Vous l’avez compris, nous sommes très loin de la question des conditions de travail au sens classique. Le bien-être au travail défendu ici, c’est cette situation relationnelle où les choses, même difficiles à entendre, peuvent être dites sans créer de conflit, où chaque personne sait qu’elle sera écoutée quand elle aura quelque chose à dire. Grâce à cela, chaque personne se sentira reconnue, et trouvera de la motivation à son travail.

Ce qui ne veut pas dire que des bureaux agréables à vivre, ça n’a pas d’importance 🙂