Un nouveau dans l’équipe

Gisèle a le sentiment d’avoir bien fait les choses. Elle a annoncé l’arrivée du nouveau en réunion d’équipe, précisé son futur rôle, et l’a présenté individuellement à tous les collaborateurs. Et pourtant, le courant passe mal.

L’efficacité n’est pas au rendez-vous, l’équipe ne tient pas ses objectifs, comment se sortir de cette situation ?

Entre le nouveau, Maël, et les autres, la circulation d’information n’est pas satisfaisante. Gisèle leur a demandé de le mettre au parfum des méthodes, des outils, des process, et ils disent l’avoir fait. Maël, lui, explique au contraire qu’il manque d’informations et fait ce qu’il peut comme il peut. Il se rend bien compte que ce qu’il produit est assez moyen et ne sais pas comment améliorer cela.

Tous les managers savent qu’accueillir une nouvelle personne peut être compliqué, et comporte une part de risque du point de vue de l’équilibre relationnel d’une équipe. C’est d’ailleurs pour cette raison que dans un précédent billet sur ce blog, ce moment de la vie d’un groupe a été classé dans les projets relationnels. Faire en sorte qu’un collectif qui fonctionnait bien avec un certain nombre de personnes continue à bien fonctionner avec ce même nombre plus une, c’est un projet de groupe.

Gisèle décide de s’en ouvrir au DRH, elle commence à se demander si le recrutement a été judicieux. Dans leur échange, ils conviennent vite que Maël a des compétences reconnues, et qui sont nécessaires à l’efficacité de l’équipe. Mais ces compétences ne donnent pas leur plein potentiel pour des questions plus relationnelles. Le DRH a récemment rencontré un médiateur professionnel, et a en particulier reconnu une phrase-clé « toute personne est un potentiel de qualité relationnelle« . Il propose alors de considérer que Maël n’est pas dans les conditions d’exprimer tout ce potentiel, et que les autres membres de l’équipe, qui utilisaient ce potentiel avant son arrivée, sont mis en difficulté aujourd’hui pour l’exploiter pleinement. Et s’ils faisaient intervenir ce médiateur ?

Dans un premier temps, le médiateur professionnel a discuté individuellement avec tous les membres de l’équipe, y compris Gisèle. Un agacement général a été exprimé dans lors de ces entretiens : les collègues ont tous été irrités quand Maël tentait de faire des parallèles entre son travail dans sa précédente entreprise et la nouvelle. Ils ont eu le sentiment que Maël ne cherchait pas à s’imprégner des outils et façons de faire de leur société, et que cela traduisait qu’il n’en partageait pas les valeurs. Maël a de son côté indiqué qu’il n’en était qu’à son deuxième poste, et que sa seule référence du monde du travail était la précédente entreprise. Il se raccrochait donc à son vécu précédent pour se rassurer, s’appuyer sur son expérience et les certitudes que cela lui a permis de construire. Il est prêt à reconnaître que c’était maladroit, mais que face à des personnes expérimentées comme ses collègues, il n’a pas su faire autrement.

Une réunion de l’ensemble de l’équipe a ensuite assez vite permis de dialoguer ouvertement sur ces bases. Un des collègues a proposé de prendre du temps pour mieux former Maël à ce qui lui semble encore nébuleux, et Maël s’est engagé à poser plus de questions, au lieu de comparer avec son job précédent, afin de mieux saisir ce qu’on attend de lui.

Cet exemple montre qu’une intégration peut susciter des méfiances, des insatisfactions qui auront rapidement des conséquences sur la qualité des relations. Ainsi l’encadrement peut vite arriver à une conclusion d’échec et proposer des solutions radicales comme l’éviction du nouveau, ce qui a un coût, tant financier qu’humain, à travers les difficultés relationnelles et le sentiment d’échec. Un accompagnement par un médiateur professionnel, qui va intervenir uniquement pour favoriser un dialogue rendu difficile par l’état d’esprit de l’ensemble des personnes concernées, permet de rétablir une situation relationnelle satisfaisante pour tous, une bonne cohésion d’équipe. Et donc d’éviter que cela évolue vers un conflit, et de trouver enfin la productivité attendue de l’équipe.