Un manager a-t-il le droit d’avoir des émotions ?
Si la posture du manager envers les émotions de ses collaborateurs est souvent évoquée, les siennes le sont… beaucoup moins. Et beaucoup d’entre eux pensent qu’il n’est pas de bon ton de les montrer.
Ainsi, un manager me racontait un jour qu’à l’occasion d’une réunion d ‘équipe pour il faisait son travail, à savoir redescendre les infos de l’entreprise, une de ses collaboratrices l’a interrompu en lui disant « mais toi, qu’est-ce que tu en penses ? »
Cette question l’avait beaucoup déstabilisé car il n’en comprenait pas la racine, et parce qu’il estimait qu’il n’avait pas à faire part de ses états d’âme. Vous l’aurez compris, il lui arrivait de redescendre des directives qu’il ne partageait pas vraiment…
Alors, que répondre à ses interrogations ?
Peut-être tout simplement qu’avant d’être un manager, il est… un être humain ! D’accord, à ce stade cela s’appelle enfoncer une porte ouverte. Allons donc un peu plus loin. L’étymologie d’émotions, c’est le latin movere, ce qui fait bouger, ce qui anime, ce qui impulse. C’est donc grâce à ces émotions qu’on se lève le matin, et qu’on va au travail affronter les difficultés de la journée. Les émotions, positives ou négatives, sont partout. Un manager ressent autant d’émotions que ses collaborateurs.
Doit-il pour autant les montrer ? Je propose ici deux éléments pour répondre à cela.
D’abord, un manager n’est pas un robot (ou une intelligence artificielle, pour être dans l’air du temps !). S’il s’exprime de façon uniquement factuelle, désincarnée, imperturbable, ne risque-t-il pas de s’exposer à des interprétations négatives de la part de son équipe, comme « c’est un béni-oui-oui , il est toujours d’accord avec la direction » ou des prêts d’intentions comme « les conséquences pour nous de l’absurdité des décisions prises en haut, il n’en a rien à foutre » ?
Par ailleurs, s’il ne marque pas un peu de joie, ou de satisfaction, voire de reconnaissance lorsque son équipe rencontre un succès, mais que par ailleurs il montre sa désapprobation face à un échec, comment peut-il envisager de motiver son équipe ?
Vous l’aurez compris, l’idée présentée ici est que le manager doit accepter l’idée de ressentir des émotions, et de les montrer, de les assumer face à son équipe. Et face à ses pairs également ! Nous avons évoqué ici la semaine dernière le management contributif, qui vise à construire l’entente au sein d’une équipe, en adoptant la posture de l’altérité, celle de l’accueil de l’autre en tant qu’il est autre. Dans ce contexte, chacun pourrait envisager que le manager est un autre parmi les autres, avec ses propres besoins et attentes. S’il ne les exprime pas, ainsi que ses émotions, il ne fait pas partie du groupe qui a construit l’entente. Il se positionne alors comme une entité surplombante, une autorité.
Chers lecteurs, vous vous demandez peut-être alors que faire lorsque les émotions sont fortes, qu’il s’agit de colère, de frustration, de peur qui ne demandent qu’à exploser. Et vous aurez bien noté qu’à aucun moment il n’a été question ici de gestion des émotions. Comment exprimer ces émotions ? Je vous propose d’en parler la semaine prochaine, en utilisant les outils de la médiation professionnelle 😉
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[…] semaine dernière, Je vous expliquais pourquoi un manager ne devrait pas masquer ses émotions. La grande question est donc.. comment les exprimer, sans créer de heurt avec son interlocuteur […]