« J’ai atteint un point de ma vie où les disputes ont perdu de leur charme. Je suis à la recherche de la véritable essence de la paix, choisissant de valoriser ma sérénité plutôt que l’impulsion de gagner à tout prix. J’ai appris que la tranquillité est un plus grand triomphe que n’importe quelle dispute. » – Keanu Reeves
Au hasard des réseaux sociaux, je découvre parfois des citations dites « inspirantes », qui délivrent implicitement des diplômes de philosophie à leurs auteurs. Et parce que ces phrases ont été dites ou écrites par des personnes célèbres, elles ne sont jamais remises en question.
Et pourtant. Dans cette citation, deux parties méritent réflexion : « les disputes ont perdu de leur charme » et l’usage du mot triomphe.
Commençons par le supposé charme des disputes.
Quand on parle de dispute, de quoi parle-t-on ?
- Selon le Robert : un échange violent de paroles (arguments, reproches, insultes) entre personnes qui s’opposent.
- Selon le Larousse : une discussion vive ; querelle, altercation, heurt.
A quel moment deux personnes vont-elles se disputer ? Quand elles ne sont pas d’accord sur un sujet. Elles vont commencer par argumenter, puis une surenchère se mettra en place et elles vont commencer à utiliser des qualificatifs qui heurtent :
- « tu es tellement égoïste »
- « quel incapable tu fais »
- « espèce d’idiote ! »
En même temps ou juste après apparaitront des prêts d’intentions négatifs :
- « tu t’en fiches complètement que je m’épuise à la maison à tout faire »
- « tu ferais n’importe quoi pour une promotion »
- « oh le petit fayot qui essaie d’avoir de bonnes notes »
Très vite, chacun va exprimer un sentiment de contrainte :
- « je vois bien que tu ne fais pas tes devoirs, je vais devoir te marquer à la culotte »
- « tes dossiers sont mal fichus, pas d’autre choix que de tout revoir en détail »
- « Si vous recommencez à insulter vos collègues, je serai obligé de vous sanctionner »
A ce stade, la dispute s’est muée en conflit et franchement, elle n’a aucun charme non ?
Ah, il reste peut-être l’hypothèse de la réconciliation sur l’oreiller entre Mme qui fait tout à la maison et M. L’égoïste. A ce moment-là le charme donnera toute sa magie, mais le lendemain, le sujet de désaccord sera toujours là. Si un accord a été trouvé sur l’oreiller, le soupçon de voir l’autre retomber dans ses travers instillera son poison. Si la réconciliation n’a pas fait l’objet d’un accord, la dispute peut redémarrer dès le lever.
Aucune dispute, altercation, querelle n’a de charme. Elle résulte d’une situation ou deux personnes n’ont pas trouvé d’autre moyen de se parler. Et peut-être aussi d’une souffrance intérieure, d’un conflit avec eux-mêmes qu’ils n’ont pas résolu.
Une dispute, c’est une manifestation du conflit. Cela doit être pris au sérieux, car si les personnes qui se disputent n’ont pas les bons outils, ils ne pourront pas en sortir. Aucun charme dans cette perspective, non ?
Examinons maintenant la question du triomphe.
« La tranquillité est un plus grand triomphe que n’importe quelle dispute. »
L’auteur parle ici d’un travail sur lui-même, pour ne plus faire face à des disputes. Et pour atteindre cet objectif, il lui faut triompher de lui-même. Notons d’ailleurs qu’il dit souhaiter éviter l’impulsion de gagner mais que c’est ce qu’il cherche à faire sur lui-même. Il s’agit donc d’un combat… ou d’un conflit intérieur.
Cette personne est en désaccord avec elle-même.
Pendant longtemps, ce qui lui permettait de trouver un équilibre relationnel, c’était la dispute. Puis quelque chose a changé et aujourd’hui la dispute ne lui donne plus cet équilibre.
Il cherche un nouveau point d’équilibre, pense que c’est la tranquillité, et entame… une dispute avec lui-même pour sortir de son habitude relationnelle et en cherche une autre.
A votre avis, facile ou difficile à faire seul ?
Pour atteindre ce type d’objectif, une personne a besoin de prendre conscience des raisons de cette perte d’équilibre et de satisfaction dans ses relations, et de construire un projet ou elle soit son propre partenaire, pas son ennemi.
Dans ces périodes de transition, la médiation introspective propose un accompagnement structuré, centré sur la personne. Ni thérapie, ni coaching, elle permet de penser clairement ce qui se joue, d’identifier les repères nécessaires pour traverser le changement, d’ouvrir un espace de décision.
Les médiateurs professionnels proposent désormais ce type d’accompagnement, et je suis à votre disposition si vous rencontrez une période de transition, de transformation : départ à la retraite, départ des enfants, souhait de transition professionnelle, sensation de blocage face à un projet, ou tout autre besoin !
Bon, restons modestes, je ne vais pas proposer cet accompagnement à Keanu Reeves. Mais à vous, pourquoi pas ?