Ah oui, la médiation, c’est un peu comme une thérapie !
J’ai entendu cette phrase plusieurs fois lors du salon du bien-être de Jouy-en-Josas, le 5 octobre dernier. Elle porte à réfléchir, non ? Allez, un petit café philo (ça fait longtemps…) sur le sujet « médiation et thérapie » ! Allez, attrapez votre tasse, c’est parti pour le café philo #3 !
Cette phrase témoigne à la fois de l’ambiguïté de la présence d’une médiateure dans un tel salon (d’où mes doutes, exprimés ici), et de la réalité d’un mal-être ressenti quand on est en conflit. D’un besoin d’aller mieux.
Elle témoigne peut-être aussi d’une vision des relations humaines de plus en plus imprégnée de psychologie. Cette vision recense des comportements normaux et des comportements anormaux. Les anomalies doivent faire l’objet de soins, de traitements, pour revenir dans ce qui est considéré comme normal.
Ainsi, combien de fois ai-je entendu à propos d’un couple en difficulté « Machin va voir un psy », comme argument pour indiquer que les choses vont s’arranger. Une démarche, soit dit en passant, qui fait porter toute la responsabilité de l’amélioration uniquement sur Machin, et pas sur l’autre membre du couple.
La médiation professionnelle vous propose une approche différente. Elle fait le constat que personne n’a appris comment être en relation aux autres, que cela ne fait jamais l’objet d’un enseignement. La personne étant ignorante
- elle agit, interagit selon ce qu’elle sait et ce qu’elle ne sait pas, et cela peut l’amener à être maladroite. A dire ou faire des choses qui peuvent heurter l’autre.
- Elle exprime des points de vue qu’elle est légitime à avoir, compte tenu de ses connaissances et ignorances.
- Elle confond l’autre avec elle-même. Elle fait à l’autre ce qu’elle aimerait qu’on lui fasse, sans savoir si ce sera agréable à l’autre. Parce qu’elle est animée de bonnes intentions pour elle-même.
Les connaissances ou ignorances de cette personne sont liées à son histoire, son éducation. En fait elles se construisent par le recours à ses croyances, ses certitudes, ses convictions. Et la personne en face a un parcours différend. Donc des croyances, certitudes, convictions différentes.
Ces différences suffisent à créer une incompréhension, à être bousculé par les attitudes ou propos de l’autre et à entrer en conflit.
C’est pourquoi la médiation professionnelle se construit sur une vision rationnelle de la relation : partant de l’ignorance, et des émotions négatives que chacun a pu ressentir au cours de la dégradation de la relation, la médiateure va amener chacun à ouvrir les yeux sur les points de vues et actions de l’autre, à comprendre que chacun a agi comme il l’a fait parce qu’il ne pouvait pas imaginer autre chose.
A ce stade, vous pouvez peut-être imaginer que la question de la personnalité des protagonistes n’a pas d’importance. Que ce qui est important est leur prise de conscience. Que cette prise de conscience porte le germe de la solution au conflit.
La médiation, selon le processus structuré de la médiation professionnelle, n’est donc pas une thérapie. C’est une aide à la réflexion, pour construire un projet relationnel, pour définir des modalités relationnelles qui conviennent aux personnes en présence. C’est une démarche vers une relation satisfaisante et équilibrée pour chacun. A ce titre, elle permet que chaque personne aille mieux à l’issue de la médiation. Sans avoir été soignée.